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TAXI News – juillet 2019

Edito

Chers lectrices et lecteurs,

Pour ce centième numéro de Taxi News je souhaite remercier en premier lieu mes fidèles lectrices et lecteurs. Ensuite je souhait1e remercier les annonceurs qui nous font confiance depuis tant d’années, l’équipe de Taxi News et de Taxi Consulting. Et enfin je souhaite remercier mes ennemis, car c’est grâce à eux que je me suis sans cesse battu, remis en cause et amélioré.

Voici une brève histoire de mon passé, histoire dans laquelle j’ai amené mes enfants qui j’espère continueront ce que j’ai commencé.

Après le bac, je me destinais à une carrière d’avocat lorsqu’en troisième année de droit je suis entré dans le monde du taxi comme un curieux fasciné par les légendes qu’on racontait sur un monde connu que par les initiés qu’étaient les chauffeurs de taxi. Pensant faire un court séjour de quelques mois, tout en poursuivant mes études, je suis resté presque trente ans, un peu plus d’une décennie comme chauffeur salarié, locataire et par la suite artisan, puis comme intermédiaire entre les chauffeurs et les banques, les assurances et les constructeurs automobiles. 

Le chauffeur de taxi paye un crédit pour s’affranchir

En tant qu’avocat, j’avais pour but de défendre le faible contre le fort, de rétablir la justice, être David contre Goliath, en tant que chauffeur, j’ai naturellement été syndiqué, seule organisation capable de défendre la profession. En devenant courtier ou facilitateur, pour permettre l’achat de la licence de taxi, j’ai poursuivi et je poursuis le même but qui est de permettre aux taxis qui le veulent de s’émanciper. C’est une évidence que de dire qu’il est mieux, en quelque temps et lieux que ce soit, d’être propriétaire de son outil de travail ou de son logement que locataire. C’est ce qui distingue le taxi du VTC, le chauffeur de taxi paye un crédit pour s’affranchir tandis que le chauffeur VTC paye un pourcentage de ce qu’il gagne pour s’aliéner, sans jamais rien posséder que sa propre condition misérable. 

Et tant que le taxi pourra charger dans la rue, il aura un avantage sur le VTC qui est pieds et poings liés aux plateformes. Si demain il n’y a plus de plateformes, il n’y a plus de VTC, si demain il n’y a plus de radios, il y aura toujours des taxis. C’est difficile à admettre, mais les taxis parisiens ont scié la branche sur laquelle ils étaient assis lorsqu’ils ont délaissé la rue au profit des radios avant même l’existence des plateformes et des téléphones portables et leurs applications, sans se rendre compte qu’ils préparaient leur propre concurrence.

Aux heures de pointe, les rues et les stations de taxis débordaient de clients impatients pendant que certains chauffeurs de taxi étaient soit en attente à Roissy ou Orly ou cachés dans les petites rues à Paris ou en banlieue, espérant toucher la course de la radio. Les radios de l’époque sont les ancêtres des plateformes actuelles. Les plateformes ont imité les radios en remplaçant les standardistes et l’attente interminable par une touche sur un écran et les radios imitent aujourd’hui les plateformes via les mêmes applications sur smartphone. 

Beaucoup d’anciens taxis sont mélancoliques et regrettent le passé en oubliant qu’ils ont participé à façonner le présent. L’erreur est collective, se trompent ceux qui cherchent des boucs émissaires ou ciblent des responsables. Le taxi a évolué positivement depuis qu’il a été mis en danger, il est fort probable que s’il n’avait pas été en danger, les clichés, fort heureusement disparus, de « vous allez où, ce n’est pas sur mon chemin » auraient encore perduré. 

Mais aujourd’hui, le taxi se porte mieux qu’hier, même si tout n’est pas parfait, les clients sont revenus et les écoles de taxi se remplissent à nouveau (les élèves d’aujourd’hui sont l’avenir du taxi). Pourtant persiste un climat d’inquiétude ou de malaise parmi certains taxis. Ce phénomène de peur est alimenté par les médias, les réseaux sociaux et les syndicats de taxi. Attention je suis pro syndicat à mille pour cent, mais je ne peux leur donner raison lorsque je constate mois après mois qu’ils ne cessent de voir que ce qui est négatif, même si leur rôle principal c’est d’alerter et de prévenir contre le danger. 

N’ayez pas peur de demain, vivez intensément chaque moment présent.

La peur alimente la peur et empêche de se projeter. C’est comme les gens qui sont contre la guerre dans le monde, ils vont constamment manifester et parler de la guerre et très peu de la paix, alors que le but final c’est la paix. La guerre c’est anxiogène, la paix c’est rassurant. Les VTC sont là ? D’accord, nous allons être meilleurs qu’eux, il y a des clandestins qui nous font du tort ? Oui, on va prévenir les forces de l’ordre, les forces de l’ordre n’ont pas les moyens ou n’y arrivent pas ? Bien sûr, on va saisir la Justice. Le but n’est pas de crier au feu et de regarder, le but c’est d’aller chercher l’eau pour éteindre le feu.

Demander la suppression des VTC aujourd’hui c’est rester coincé dans le passé, poster des vidéos d’anomalies ou d’accidents sur Twitter, Facebook ou Whatsapp ne sert qu’à alimenter le malaise, parce qu’une seule situation n’est pas le reflet de toutes les situations, si un adolescent fume, tous les adolescents ne fument pas. 

Il en va de même pour les voitures volantes ou autonomes, pourquoi avoir peur de ce qui risque de ne jamais arriver avant quarante, cinquante ans ou jamais ? 

Oui, me direz-vous, mais l’aéroport de Paris Charles de Gaule aura une plateforme pour accueillir des drones qui vont transporter deux personnes en 2024, et alors ! ces mini hélicoptères qui sont une copie d’hélicoptère, en quoi ils vont faire concurrence aux taxis ? Ils vont peut-être transporter deux personnes de temps en temps et alors ?

C’est comme lorsque Vélib et Autolib sont arrivés ! j’entends encore ceux qui disaient, ça y est le taxi c’est fini, ils vont nous prendre nos clients ! Et qu’est-ce qui c’est passé ? Vous le savez. Il en sera de même pour les trottinettes et autres vélos électriques, ils vont disparaître, car ils ne sont pas rentables.

Sachant qu’un homme ou une femme a une chance sur deux d’avoir un cancer doivent-ils arrêter de vivre ? Arrêter de rire ? Ou aimer ? Parce qu’ils risquent d’avoir un cancer ?

En attendant demain on ne vit jamais le moment présent.

Pour ce numéro 100 de ce magazine, c’est le message que je veux partager avec vous, chères lectrices et chers lecteurs. N’ayez pas peur de demain, vivez intensément chaque moment présent. Si vous êtes en bonne santé et si vous voulez rester dans le taxi au moins cinq ans alors, achetez-vous une licence de taxi, elle n’a jamais été aussi bon marché. Sinon restez comme vous êtes salarié ou locataire ou cherchez un autre métier. 

Certains me disent : je prends un risque en achetant la licence de taxi.

Je réponds oui, mais vous le risque c’est combien ? Entre 5 et 10 %, du financement, le reste c’est la banque qui vous prête qui prend aussi le risque. Et si la banque a confiance dans l’avenir pourquoi pas vous. 

Je vous souhaite au nom de toute l’équipe de Taxi News un excellent mois de juillet et août rempli de bonne humeur et d’espoir et espère vous retrouver en septembre.

Alexandre Sejdinov

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