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Lyft, Uber et Tesla : La bataille pour l’amérique est lancée !

L’actualité du mois d’avril est marquée par le début du conflit fratricide qui s’engage entre les plateformes VTC. Celles-ci, toujours en quête de rentabilité, investissent tous azimuts dans des projets qui permettent de s’affranchir des contraintes humaines, de la route et du temps. Car faute de pouvoir aboutir rapidement ou de se voir ravir une potentielle situation de monopole, elles risquent de ne jamais pouvoir rentabiliser les milliards que leur prêtent les nombreux investisseurs du monde entier.

Les annonces faites par les uns sur les progrès réalisés dans leurs projets pressent les autres à accélérer leurs recherches et augmenter les investissements.

C’est dans cet objectif que certaines de ces sociétés entrent en bourse cette année.

La première à l’avoir fait c’est la société Lyft. Essentiellement présente sur le marché américain, dès le premier jour, elle a vu son action progresser de 9 points par rapport à sa valeur d’introduction. Les investisseurs de tout poil flairant une opportunité se sont empressés d’acheter des actions, mais cet emballement a été de courte durée. Dès le lendemain, l’action avait chuté de 12 % et trois semaines plus tard, l’action a déjà perdu près de 15 % par rapport à sa valeur d’entrée.

Uber de son côté vient de publier son IPO avant d’entrer en bourse à la fin du mois d’avril. Sa notoriété mondiale, lui permettra sans doute un très bon démarrage comme tous les géants de la Tech. Mais comme eux, la valeur de son action pourrait bien chuter rapidement plus bas que sa valeur de départ.

La question qui peut se poser alors c’est, est-ce qu’Uber incarne la prochaine bulle spéculative ?

Une bulle spéculative est le plus souvent provoquée par une anticipation exagérément optimiste de la croissance d’une entreprise. Cette anticipation fait alors grimper en flèche les volumes de transactions et attire de plus en plus d’acheteurs jusqu’à dépasser très nettement le nombre de vendeurs accélérant ainsi la hausse du prix de l’action jusqu’à atteindre un niveau très supérieur à sa valeur intrinsèque (valeur qui prend en considération les actifs corporels comme les usines et les stocks ainsi que les actifs incorporels comme les brevets, les marques…).

Le problème de ces bulles, c’est qu’elles finissent toujours par éclater !

Cela se produit quand la valeur de l’action chute brutalement suite à une vente massive d’actions à tout prix quand les investisseurs se mettent à paniquer.

Nous n’en sommes pas encore là, mais pour éviter ce phénomène, les plateformes de VTC mentionnées ci-dessus vont devoir convaincre rapidement que leur business est rentable. Et cette mission est loin d’être accomplie puisque chaque fois qu’un conducteur « Lyft » transporte un client, la société subit une perte de 40 % et la société Uber perd un demi-million de dollars par heure.

Pour diminuer ses pertes, cette dernière a déjà réduit la rémunération des chauffeurs et compte bien un jour s’en passer définitivement.

C’est pourquoi elle mise beaucoup sur le développement de la voiture autonome soutenue en cela par le constructeur automobile Toyota, l’équipementier Denso et la holding Softbank qui continuent d’injecter de l’argent dans l’affaire par centaines de millions. Encore faut-il que ce projet ne traine pas de trop longues années en engloutissant des milliards de dollars. À ce sujet, il semble qu’Uber prépare les esprits de ses investisseurs par la voix de Raquel Urtasun. Responsable scientifique d’Uber Advanced Technologies Group (ATG) et également professeure agrégée à l’Université de Toronto, Raquel Urtasun déclarait « ça va prendre beaucoup de temps pour un développement à grande échelle… ça n’arrivera pas demain ! ». En effet, les récents déboires d’Uber et de quelques autres sur des expériences menées en milieu ouvert auront « remis l’église au centre du village », car il n’est pas si facile de prédire les comportements humains et de réagir de manière appropriée.

En attendant de pouvoir se passer de chauffeurs, Uber et les autres doivent consacrer une bonne part de leurs ressources humaines et financières à se battre dans chaque pays pour maintenir leur offre de services.

Et plus le temps passe et moins cela tourne à leur avantage !

Récemment, en Pologne comme en Tchécoslovaquie les gouvernements ont décidé d’imposer aux plateformes de VTC d’employer des chauffeurs sous licence pour mettre tout le monde à égalité avec les taxis.

On note une seule véritable exception au durcissement des règles pour les VTC, le malheureux exemple du Québec où le gouvernement déroule le tapis rouge aux plateformes VTC avec le projet de loi 17 qui enlève toutes les exigences faites pour faire du transport de personnes. Les chauffeurs de taxi vont se voir ainsi expropriés de leur métier en recevant une indemnité de seulement 59 % de la valeur de leur licence. Avec la loi 17, faire du transport de personnes au Québec ne sera plus un métier, mais deviendra une occupation occasionnelle et amateur entrainant la disparition d’autres services professionnels comme celui du transport adapté destiné aux personnes handicapées.

Tesla, le nouveau challenger !

À quelques jours de son entrée en bourse, Uber se voit maintenant menacée par un nouveau concurrent très sérieux : Tesla !

Elon Musk, lors de sa conférence Autonomy Day du 22 avril, a déclaré vouloir lancer son service de taxis autonomes dès 2020 et décrit son service comme un mix entre « Uber » et « AirBnB ». Le principe en est simple : les véhicules sont ceux achetés par ses clients et qui les rendront accessibles pendant les périodes de stationnement où elles ne leur sont pas utiles. Les usagers les feront venir à eux grâce à une application sur leur smartphone qui actionnera le programme de conduite autonome embarqué dans une puce qui équipe chaque véhicule et qui conduira ensuite l’usager jusqu’à sa destination selon le trajet le plus efficace pour un tarif inférieur aux plateformes VTC puisqu’il n’y a pas de chauffeurs à payer.

Pour motiver les propriétaires de Tesla à rendre disponibles leurs véhicules, Elon Musk évoque la possibilité pour eux de générer un revenu annuel de 30 000 dollars. Un tel revenu les aidera à rentabiliser l’acquisition du véhicule, sachant que les modèles de la marque avec la batterie d’origine peuvent tenir 1,6 million de kilomètres.

Pour Uber, la menace est sérieuse à moyen terme, mais pas d’ici son entrée en bourse. Elle se garde donc de commenter cette déclaration qui ne semble même pas avoir influencé le cours de l’action de Tesla. De toute façon, l’annonce faite par Elon Musk ne concerne que les États-Unis pour le moment où de nombreux états n’autoriseront pas la conduite autonome. Pour Tesla, il faudra aussi obtenir l’adhésion des propriétaires de voitures, même si elle a prévu de mettre sa propre flotte à disposition dans les zones où l’offre ne suffit pas à répondre à la demande.

S’il est bien difficile de prédire l’avenir, l’arrivée de Tesla avec les moyens qu’on lui connait pourrait bien causer quelques perturbations dans les projets d’Uber et consorts. Et puis vous connaissez l’adage : « l’ennemi de mon ennemi est mon allié ».

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